Modèle biopsychosensoriel

Mon approche se base sur le modèle bio-psycho-social de la nutrition. Un individu normalement régulé basera son alimentation sur ses sensations : faim, satiété, et aura un poids se maintenant autour de son « poids d’équilibre », c’est-à-dire le poids où les calories consommées sont équivalentes à celles dépensées. Autrement dit, le corps a la capacité de réguler lui-même ses besoins caloriques par l’envoi à notre cerveau de sensations (faim, envie, satiété, rassasiement) qui nous ferons adopter les comportements de prises alimentaires adéquats.

En théorie, si nous sommes en connexion avec nos sensations et que nous les écoutons, nous pouvons maintenir sans effort notre poids d’équilibre.

A noter que ce poids d’équilibre varie au long de la vie (suite à des prises de poids, à des changements hormonaux, métaboliques, du stress, etc.), en tendant dans la majorité des cas à augmenter. Il est donc peu probable de retrouver son poids de jeunesse plusieurs années plus tard.

Si la régulation du poids est un processus naturel, pourquoi une grande partie de la population a des problèmes de poids ?

Nous vivons dans une société d’abondance alimentaire, avec une augmentation croissante de l’alimentation ultra transformée et remplie de discours contradictoires : d’une part des rayons entiers de confiseries, de charcuteries et autres « aliments réconfortants » très appétissants, et d’autre part les invitations aux bonnes pratiques alimentaires (3 repas par jour, pas trop de ci, pas trop de ça, faire du sport). Drapés d’injonctions à la minceur, tout en étant mitraillés de publicités d’alimentation grasse et sucré, difficile de ne pas se laisser entrainer dans le tourbillon des contradictions ! Nous débattons comme nous pouvons entre tentations et interdits, en essayant de nous « raisonner » et progressivement nous nous déconnectons de nos sensations.

Le corps ne régule plus physiologiquement son poids car nous décidons d’ignorer les sensations qu’il nous envoie et nous nous en remettons à nos pensées (« je n’ai pas faim mais il faut manger car c’est l’heure », « j’ai très envie de manger cet aliment mais je ne vais pas le faire car il n’est pas bon pour mon corps », etc) et à nos émotions (« la journée a été difficile, j’ai bien mérité un gâteau pour compenser… non ce n’est pas raisonnable ») pour contrôler notre alimentation.

Un contrôle répété amène automatiquement de la frustration et, à terme, il se fissure et entraine une perte de contrôle (« je m’étais autorisé(e) à manger un gâteau, mais j’ai mangé tout le paquet ») souvent accompagnée de pensées négatives envers soi ( « J’ai honte de moi »).

Au cours du temps, la fréquence des pertes de contrôle augmente, les calories ingérées sont beaucoup plus importantes que celles dépensées : la prise de poids commence. En parallèle, les pensées négatives et rabaissantes envers soi-même grignotent doucement mais sûrement l’estime de soi et l’image de son propre corps.

Ici l’idée de la prise en soin n’est pas tant de se focaliser sur le contenu de l’assiette que de s’intéresser au pourquoi de l’assiette, à l’environnement autour, au contexte émotionnel et de voir la place des sensations alimentaires dans tout ça.