Obésité : une maladie multifactorielle et complexe

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L’obésité, qu’est-ce que c’est ?

L’obésité est définie comme une accumulation anormale et excessive de graisse qui présente un risque pour la santé. (Définition de l’OMS).

L’origine physiologique de la maladie est liée à un déséquilibre chronique entre les apports nutritionnels et les dépenses énergétiques (apports > dépenses) qui mène à une prise de poids. ATTENTION : cela ne signifie en rien que la personne mange de grosses quantités de nourriture, mais simplement qu’elle mange plus que son corps ne dépense d’énergie, de façon régulière.

Médicalement, l’obésité est définie par un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 30kg/m2.

A quoi est due l’obésité ?

L’étiologie de cette malade est souvent multifactorielle et propre à chaque individu selon son métabolisme, son vécu, son état émotionnel et son environnement. Cela peut comprendre des éléments tels que :

  •  Des facteurs prédisposants individuels (c’est-à-dire sur lequel l’individu ne peut exercer aucune modification) comme l’âge, le sexe, un métabolisme de base plus faible que la moyenne, des antécédents familiaux, un dégout génétique pour les saveurs amères (et préférence pour le sucré), etc. ;
  • Des facteurs favorisants : sédentarité, travail de nuit, déficit du sommeil, consommation de nourriture ultra-transformée, repas consommés rapidement, l’attention monopolisée par une autre activités (un écran), troubles du comportement alimentaire, dépression, traitement médicamenteux (cortisone, neuroleptiques, etc.), …
  • Des évènements déclenchants : traumatisme, état psychologique perturbé : stress, anxiété, etc. ;
  • Des facteurs aggravants : régimes, restrictions, troubles du comportement alimentaire.

Est-ce que l’obésité est uniquement une maladie nutritionnelle ?

NON. Si dans un premier temps la nourriture est impliquée puisqu’il s’agit d’un apport énergétique trop important par rapport aux dépenses du corps, l’évolution et le maintien dans la maladie sont beaucoup plus complexes qu’un seul excès alimentaire : l’enjeu se trouve autour du déplacement de l’homéostasie naturelle du corps à conserver son poids d’équilibre (set point). Le rapport entre les besoins et les dépenses énergétiques est faussé au cours du parcours de prise de poids menant à l’obésité.

L’obésité, une maladie en plusieurs phases ?

La première phase est dite phase dynamique : pour une ou plusieurs raisons (citées dans le paragraphe sur les étiologies possibles), la personne se trouve en excès de nourriture par rapport à ses dépenses (attention cela ne veut pas forcément dire que cette personne mange énormément. Elle mange juste trop par rapport à ses propres besoins énergétiques.). Ce déséquilibre intervient de manière répétée et régulière. Cela conduit à la prise de poids.

Une seconde phase se met progressivement en place : la phase statique. Le corps ayant augmenté sa masse grasse, ses besoins énergétiques se trouvent augmenté pour pouvoir faire ses activités quotidiennes : bouger un corps devenu plus lourd demande + d’énergie et les apports caloriques augmentent.  

Enfin, il y a stade avancé : après des régimes/reprises de poids, la masse maigre (muscles) est diminuée, la masse grasse est augmentée (hyperplasie des adipocytes, voir paragraphe suivant) et cela conduit à des difficultés pour se déplacer et à un accroissement de l’inactivité appelée obésité sarcopénique.

A ce stades, les besoins énergétiques sont faibles car les personnes obèses deviennent de « petits dépensiers énergétiques » : la personne ne mange plus beaucoup mais les dépenses énergétiques sont trop faibles pour déclencher une perte de poids : la balance énergétique a été déplacée.

Que se passe-t-il au niveau métabolique ?

Lors de la prise de poids, deux phénomènes peuvent se passer au niveau du tissu adipeux (cellules du corps qui stockent les graisses) :

  • Hypertrophie des cellules adipeuses : les cellules existantes vont grossir pour se remplir au maximum de lipides. Ce phénomène est réversible (lipolyse) et, lorsque l’apport en lipides sera moindre, les cellules vont se vider, prêtes à accueillir les futurs lipides.
  • Hyperplasie des cellules adipeuses : lorsque les cellules existantes sont saturées par les lipides (pleines), de nouvelles cellules adipeuses vont se construire avec la même fonction de réserve. Cependant, ces cellules ne disparaitront pas une fois apparue : le poids d’équilibre (set point) de la personne est augmenté de façon définitive !

Il va également apparaitre un phénomène d’inflammation systémique de bas grade à l’origine des complications métaboliques et cardio-vasculaires de l’obésité: l’hypertrophie du tissu adipeux entraine un dysfonctionnement de ce tissu par hypoxie locale (manque d’oxygène) qui libère des signaux (notamment des cytokines) de danger et active le système immunitaire : la libération chronique de cytokines perturbe la signalisation de l’insuline et conduit à ce qu’on appelle « l’insulino-résistance » (donc à terme au risque de développement d’un diabète de type 2).

Est-ce que la prise en charge de l’obésité est uniquement nutritionnelle ?

La réponse est non. Il faut prendre en considération tout ce qu’il y a autour de l’assiette et non uniquement ce qu’il y a dedans. Il a été montré que les régimes ne fonctionnent pas, et une grande partie des personnes obèses en sont les premières témoins. Il est impératif de s’occuper de ce qu’il y a autour de l’assiette et qui forge notre comportement alimentaire (notamment les émotions, le schéma corporel, les sensations alimentaires, l’environnement autour des prises de repas, etc). La réconciliation avec soi, son corps et l’écoute de ses sensations alimentaires peuvent mener à un rapport apaisé, plus physiologique (et heureux ?) avec la nourriture, et amener à une perte de poids, en lien avec son propre poids d’équilibre (quel qu’il soit).

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